PSC : Alan remporte l’appel d’offre du ministère de l’écologie !
Un choix qui provoque une levée de boucliers
Une brèche vient de s’ouvrir dans le monopole de facto des mutuelles auprès des personnels de la fonction publique. Un évènement !
Les Pouvoirs publics, en instaurant la PSC1, ont généralisé le dispositif de l’ANI2 à l’ensemble des personnels de l’Etat. Ils ont ainsi ouvert le marché de la complémentaire santé des fonctionnaires à la concurrence. Ce faisant, ils ont dynamité un pré carré très ancien qui avait fait des collaborateurs de l’Etat une clientèle semi captive des mutuelles. Le feu vient d’être allumé par le choix du ministère de l’Ecologie de confier à l’assurtech Alan la protection de l’ensemble des personnels de ce ministère. Une décision doublement iconoclaste dans la mesure où elle choisit un acteur qui n’appartient pas à la famille mutualiste et, facteur aggravant, l’heureux élu est une start-up dont l’ambition est de « disrupter » le modèle traditionnel de la complémentaire santé.
Le choix d’Alan provoque une levée de boucliers. Les concurrents non retenus s’étonnent, certains syndicalistes s’insurgent et la menace de saisir le Tribunal administratif est agitée. On peut penser, néanmoins, que le ministère a pris toutes les précautions pour satisfaire aux obligations de l’appel d’offre et que sa régularité n’est pas critiquable. En aucun cas l’Etat ne peut, évidemment, altérer la loyauté de la compétition. Certes, la jeunesse d’Alan, crée il y a juste 8 ans, son modèle économique dont l’équilibre ne serait atteint qu’en 2026, interrogent. Mais l’ACPR doit veiller au grain et ce néo assureur affiche un ratio de solvabilité de 450%.
L’objet de cette PSC vise à renforcer la couverture complémentaire des fonctionnaires en offrant une meilleure prise en charge des frais de santé non couverts par la Sécurité Sociale. Le fait d’instaurer des garanties collectives par secteur d’activité va rompre la relation inter personnelle de chaque adhérent avec sa mutuelle. Celui-ci, est désormais intégré dans un « groupe » qui se positionne de manière intermédiaire entre chaque adhérent et l’assureur. Ce qui supprime ou réduit fortement la relation directe. C’est une révolution. Elle ouvre un marché à des acteurs qui n’y étaient présents que marginalement. Elle bouscule les acteurs historiques que sont les mutuelles de la fonction publique. Ce qui les conduit à une révision stratégique majeure que d’ailleurs les mastodontes (MGEN, MNT, …) ont déjà engagé.
Pour tous les acteurs, le défi est de taille. D’autant que ce marché de la complémentaire santé est confronté à des enjeux de taille. Il est structurellement déficitaire, cornaqué par la Puissance publique, à travers la Sécurité sociale, ce qui ne laisse guère de latitude aux opérateurs. Alors même que les coûts des soins ne cessent de croître, la demande de personnalisation est croissante avec des offres plus modulaires et plus personnalisées. C’est le terrain sur lequel Alan se positionne avec une offre digitalisée et un parti-pris d’innovation.
1 Protection Sociale Complémentaire : Les employeurs publics sont désormais tenus de financer une partie de la protection sociale complémentaire en santé de leurs agents. Cette obligation est liée à la mise en place, au plus tard en 2026, des contrats de protection sociale « référencés »
2 Accord National d’entreprise généralisant le complémentaire santé d’entreprise
Henri DEBRUYNE