Pandémie, confinement, qu’est qui change ?
La sortie du tunnel est en vue. L’assurance ne s’en sort pas trop mal, au moins sur le plan économique, mais divers signes montrent que bien des choses ont changé durablement.
Les assureurs ont, pour l’instant, traversé la crise sanitaire sans trop de dégâts. Il est encore trop tôt pour l’affirmer sachant qu’une grande partie de l’économie est encore sous perfusion. Mais les données disponibles pour 2020, et partiellement pour le premier trimestre 2021, confortent l’idée que la situation ne leur a pas échappé. Le secteur de l’assurance, dans son ensemble, a fait preuve de réactivité, il s’est adapté aux contraintes et, quoi que l’on dise, a assumé ses missions. Néanmoins, bien des choses ont bougé.
En premier lieu, l’assurance a subi un dégât d’image qui sera long à résorber. Les débats, encore vifs, sur les pertes d’exploitation, les demandes exigeantes de rembourser des risques non courus en auto et en santé, les gestes commerciaux baptisés solidaires, tout cela a donné une image brouillonne et parfois pitoyable. Collectivement, le secteur a subi une perte de crédibilité et ce ne sont pas les efforts d’investissements consentis pour abonder au plan de relance qui permettront à eux seuls de remonter la pente.
En effet, l’assurance n’a pas une image bien claire. Le Gouvernement que l’on croyait libéral a eu des poussées d’autoritarisme aigu, exigeant des efforts, entendons par là de faire preuve de mansuétude. En d’autres termes, une invitation ferme à payer « messieurs les assureurs ». Tout ceci a masqué la réalité, nous touchons aux limites de l’assurance privée, mais aussi publique, la sécurité sociale est dans une situation catastrophique. Non seulement sur le plan financier, mais dans la perception de son rôle qui n’est plus un dispositif de gestion de la solidarité, mais un puits sans fond et bientôt sans fonds ! La contribution des complémentaires santé est à l’unisson. Déjà payeurs aveugles, mais comme cela ne suffit pas elles sont devenues des contributeurs contraints à la solidarité, même si l’on ne sait plus vraiment ce que ce concept recouvre.
Certes, par gros temps il est bien difficile de tenir un cap, surtout lorsque celui-ci n’est pas clair. Aujourd’hui, le calme revient, le moment est venu de l’analyse et des propositions. Les assureurs doivent prendre position auprès des Pouvoirs publics, mais aussi et surtout auprès des consommateurs sur ce qu’ils peuvent faire et surtout ne pas faire. La transparence est leur meilleur atout et pour la relayer ils ont des bataillons de collaborateurs qui, chaque jour, rencontrent des clients. Communiquer est un art difficile, mais expliquer est le meilleur moyen de s’en faire des alliés en les prenant pour ce qu’ils sont : des êtres intelligents.
La plupart des professionnels sont conscients que l’exigence de transparence est croissante. La pandémie montre qu’elle a franchi un palier et que les réponses apportées par les assureurs sont imparfaites. Il faut donc les faire progresser, mais surtout il faut expliquer pourquoi et leur faire partager des solutions même difficiles. Le premier exercice sera vraisemblablement celui des catastrophes naturelles
Henri DEBRUYNE