Les intermédiaires et l’indépendance : la fin d’une apparence trompeuse.
Pour les intermédiaires, le dilemme reste bien présent. L’intégration économique des courtiers dans les chaînes de distribution des assureurs est évidente. Pour autant, cette réalité n’est pas vraiment transparente pour les clients.
La question de l’indépendance ou plus exactement de la latitude entre les intermédiaires et les organismes d’assurances reste une question existentielle que l’évolution réglementaire n’a pas résolue. Probablement parce qu’elle est justement existentielle et se heurte à l’image que ces professionnels projettent d’eux-mêmes. Ce n’est pas une question nouvelle, les intermédiaires ont souvent et depuis longtemps masqué cette ambiguïté. Mais aujourd’hui, elle est de moins en moins supportable. Au-delà des dispositions relatives à la transparence et à la prévention des conflits d’intérêts, les consommateurs ne veulent plus des apparences trompeuses. Dire qui ils sont, pour qui et comment ils interviennent, ressort désormais du devoir de loyauté des intermédiaires.
L’efficacité économique a depuis longtemps imposé une interdépendance entre les acteurs de la chaîne de distribution que les contraintes de la numérisation ont consacrée. Ce qui peut en chagriner plus d’un. Mais c’est ainsi. Solvabilité 2, tout d’abord, impose aux assureurs de contrôler et de fiabiliser les flux d’information des sous-traitants. Entendons par là les intermédiaires. La gouvernance produit (POG), ensuite, structure la distribution des produits et clarifie les rôles de chacun. Enfin, les pressions concurrentielles, de plus en plus présentes, conduisent à une optimisation des chaînes de traitement et donc à une intégration des process. L’interdépendance est une réalité.
La question de l’indépendance est le plus souvent posée en termes de positionnement, de relation avec les clients. Nombre de courtiers ont déjà intégré dans leurs organisations ces nouveaux fonctionnements qui conduisent inéluctablement à un abandon de cette affirmation d’indépendance devenue trompeuse. La réalité est que bien peu le sont. Les relations étroites qu’ils entretiennent avec un nombre limité de compagnies et les délégations dont ils bénéficient en font de facto des mandataires apparents. Mais ce n’est pas une tare qu’il faudrait cacher. Ces modes de relations, clairs et efficients peuvent parfaitement être valorisés.
Bien que la réglementation tente de l’imposer, la transparence n’est pas encore aboutie. La réalité des relations reste une « boite noire » et cela est préjudiciable à une bonne compréhension des valeurs ajoutés respectives de chacun. Ce qui créé de la confusion. Il est vraisemblable que la révision de la DDA prévue pour 2024 imposera de nouvelles avancées. Ne serait-ce qu’à travers le débat sur les rémunérations. Poser, en termes clairs, la nature des services rendus et à qui, ne peut qu’aider à objectiver la réponse à qui paie quoi, à qui et pour quelles prestations.
Pour les intermédiaires clarifier leurs relations et les rendre transparentes aux yeux des clients n’est plus une option y compris pour les courtiers grossistes. Cela passe par un changement d’affichage qui va en peiner quelques-uns, c’est vrai. Mais le nouvel affichage sera plus proche de la réalité, plus sincère donc surtout plus compliant. Avec toute la valorisation que ceci implique.
Henri DEBRUYNE