Les assurtechs tiennent-elles leurs promesses de disruption ?
Les assurtechs disruptent-elles l’assurance ? Ont-elles réussi à déborder les organisations actuelles et installer leurs modèles ? Quelle influence ont-elles sur l’évolution des acteurs en place ?
Depuis une dizaine d’années les assurtechs, ces startups qui ambitionnent de disrupter l’assurance, ont commencé à s’installer avec la ferme intention de capter des parts de marché significatives. Version épurée de la révolution numérique, elles proposent une nouvelle approche de l’expérience client et des process qui réduisent les coûts de fonctionnement. Leur rencontre avec le mur de la réalité a sérieusement freiné leurs élans, même si certains succès préfigurent ce que pourrait être l’assurance 3.0.
Loin des tsunamis observés dans d’autres secteurs où des pans entiers ont basculé vers le monde digitalisé comme les médias par exemple et dans une certaine mesure la banque, le secteur de l’assurance paraît épargné. Ce qui rassure, à tort, les acteurs de l’assurance traditionnelle peu tournés vers l’innovation et encore moins prompts au changement. A l’évidence, l’essence du métier et le niveau élevé de réglementation constituent des barrières difficiles à franchir. Mais cela ne durera pas éternellement, sous une forme ou sous une autre les assurtechs arriveront à dépasser ces difficultés. Cela prendra du temps, certes, mais ce répit est une aubaine pour s’y préparer. Ces challengers vont contraindre les acteurs de l’assurance à fonctionner autrement, ce qui dans les grandes organisations reste une gageure.
Paradoxalement, c’est peut-être la distribution et vraisemblablement les intermédiaires qui sont les plus menacés, mais aussi les mieux prédisposés à se saisir des innovations apportées par les assurtechs. Dans tous les cas, c’est plus proche de leur ADN : la proximité des clients, la propension au service, l’agilité des structures réduites et pour les plus dynamiques, la volonté entrepreneuriale. Dans tous les cas, s’ils ne s’en saisissent pas, les plateformes de services qui rôdent et rêvent d’intégrer des offres d’assurance à leurs tableaux de chasse ne laisseront pas passer l’opportunité.
Ce qui repose les questions, toujours faiblement abordées, de la structure des chaines de distribution, de l’autonomie des acteurs de terrain, de la mutualisation des moyens et des lieux d’impulsions. Depuis des dizaines d’années, le concept de l’inversion de la pyramide qui met le client au centre du dispositif et celui qui le sert en position de le faire. Beaucoup en ont rêvé, en rêvent encore, les assurtechs peuvent le faire et rafler la mise. Rien, ni personne n’empêche de le faire à leur place.
Henri DEBRUYNE