Les assureurs dans l’œil du cyclone
Sous la pression des politiques et face aux réalités économiques, les assureurs vont être confrontés à une situation pénible. Il va leur falloir des nerfs d’acier et beaucoup de pédagogie.
Les Pouvoirs Publics invitent les assureurs à restituer aux clients le montant des sinistres non survenus dans la période de confinement. Voilà le grand retour de l’interventionnisme d’Etat, généralement incohérent voire contradictoire. Ce sont les mêmes responsables qui ont satisfait au lobbying en acceptant que les Ppb soient intégrées dans le calcul des marges de solvabilité. Une opération de cosmétique de grande ampleur destinée à adoucir la dureté de la baisse des taux.
Dans quelques jours nous saurons que penser de la situation financière du secteur. Cela pourrait être difficile. Le simple bon sens est d’attendre de savoir ce qu’il en est. Alors, il sera temps d’imaginer ce qu’il est possible de faire. Et de le faire à bon escient.
Les mauvaises habitudes réapparaissent très vite. Il est normal que les Pouvoirs Publics – ceux qui sont en place et ceux qui aspirent à le devenir – disent ce qu’ils attendent des assureurs, mais pas comment ils voudraient qu’ils fassent. C’est bien dans l’air du temps que d’invoquer le retour de l’Etat, et plus encore de l’Etat stratège. Attention, de ne pas tomber dans l’Etat brouillon dont les plus anciens d’entre nous se souviennent des errements souvent coûteux.
Les assureurs seraient bien inspirés de renforcer leur coordination de place pour soutenir un discours pédagogique. Sinon, les explications déjà peu audibles seront perçues comme autant de provocations. Restituer, de manière quasi précipitée aux sociétaires des cotisations sur une sinistralité non survenue contredit les démarches de prudence. Certes, ceux qui en bénéficieront seront ravis. Mais, il s’en dégagera l’image d’une opération de pur marketing en période troublée et pas d’un soutien orienté vers ceux qui en ont le plus besoin.
Henri DEBRUYNE