L’assurance vie et la confiance
La collecte d’assurance vie bat des records. Ce qui est rassurant pour la vitalité du secteur, mais appelle à une rigueur accrue pour ne pas trahir la confiance au cœur des processus d’adhésion.
En octobre la collecte d’assurance vie a battu un nouveau record. L’année 2O24 est bien partie pour être un cru exceptionnel. Elle profite pleinement du comportement d’épargne des Français, qui continuent, avec un taux d’épargne de 17,5 %, à être parmi les plus gros épargnants en Europe, bien au-dessus de la moyenne de la zone euro à 15.7%. Ce comportement est largement motivé par des incertitudes économiques et un besoin de sécurité face à l’instabilité politique. L’assurance-vie répond structurellement à un besoin de sécurité. Elle a d’ailleurs repris la première place parmi les placements préférés des Français, suivie du Plan d’Épargne Retraite (PER).
Elle capitalise largement sur la confiance puisqu’elle est perçue comme un placement fiable et sûr à défaut d’être parmi les plus performants. Nous sommes là au cœur d’un mécanisme essentiel. Car si l’assurance vie profite à plein de la bonne tenue du niveau d’épargne, c’est largement un réflexe de précaution des épargnants. L’environnement leur parait inquiétant et les institutions étatiques pas forcément les plus aptes à les protéger. Il est donc primordial que cette confiance soit entretenue et préservée.
En effet, certains signaux doivent nous alerter. Si les Unités de Comptes présentent un intérêt évident pour leur dynamisme, la volatilité de certaines d’entre elles, se marie mal avec la sécurité attachée à l’assurance vie. Il y a là un choc de perception qui fait que l’information et le conseil prennent une importance accrue. Le rôle des distributeurs est essentiel et de récentes observations du MEDI montrent que cet aspect est insuffisamment traité. Certes, l’information et le conseil sont délivrés, mais de manière trop lisse. Sur la volatilité, par exemple, ils ne prennent pas la forme d’un réel appel à la vigilance. Enfin, sur ce registre de la confiance, la transparence sur les frais de gestion devient une préoccupation qui se diffuse bien au-delà des cercles d’initiés, il faut en prendre conscience et y apporter des réponses avant que la Puissance publique ne devienne trop contraignante.
Le PER, après s’être installé dans le paysage des solutions, se développe de manière soutenue. Il répond bien à un besoin de long terme et il capte une clientèle qui recherche une réponse à ses besoins futurs. Les motivations, notamment chez les plus jeunes sont claires. Ils ne cherchent pas a priori la constitution d’un patrimoine, mais la réponse à des besoins qui viendront principalement à la fin de leur vie active. Ils ne sont pas, naturellement, indifférents au niveau des intérêts servis, mais Ils recherchent avant tout la sécurité. Là encore, le facteur de la confiance est central.
La confiance ne se décrète pas, elle se suscite. C’est largement une affaire de comportement. Elle se défait aussi, bien plus vite qu’elle s’est construite. Aussi faut-il être attentif aux signaux lents qui montrent, de ci de là, ce qui peuvent être des ferments de son affaiblissement puis de sa désagrégation.
Henri DEBRUYNE