L’ASSURANCE MALADIE PUBLIQUE contribue fortement à la réduction des inégalités de revenu
L’assurance maladie publique prend en charge en moyenne plus de 5 000 euros de frais de santé par ménage et par an au titre des remboursements de soins. Ces prestations sont plus élevées dans les milieux modestes, notamment pour les soins à l’hôpital. Ce constat s’explique avant tout par les inégalités sociales de santé : à âge équivalent, ces populations ont, en moyenne, un moins bon état de santé. Néanmoins, les prestations sont plus faibles pour les 10% les plus modestes : 4 400 euros par ménage en moyenne. Ceci s’explique par la relative jeunesse de cette population, sachant que les dépenses de santé augmentent fortement avec l’âge.
En tant que dispositif obligatoire de prélèvements et de prestations, le système d’assurance maladie public joue un rôle majeur dans la redistribution des revenus en France. En tenant compte de l’ensemble des transferts publics, qu’ils soient monétaires (impôts et taxes prélevés, prestations versées) ou en nature (éducation, santé…), qui viennent impacter les revenus primaires (revenus du travail et revenus du patrimoine) et les revenus de remplacement (pensions de retraite, allocations chômage…) nets des cotisations qui les financent, l’assurance maladie publique contribue à hauteur de 20 % à la réduction des inégalités.
Cet effet redistributif repose essentiellement sur les prestations, qui viennent s’ajouter au revenu disponible : elles représentent l’équivalent de près de 40 % du revenu disponible des 20 % les plus modestes. L’effet redistributif mesuré ici est en partie lié à l’état de santé dégradé des populations modestes. Le financement de l’assurance maladie publique est progressif, les contributions des 10 % les plus riches étant plus de 14 fois supérieures à celles des 10 % les plus modestes. Mais cet écart est proche des écarts initiaux de niveaux de vie, de sorte que le financement du système opère en réalité une redistribution limitée.
Le taux de remboursement des dépenses de santé est plus élevé pour les ménages modestes. Cela s’explique par plusieurs raisons : une forte proportion de personnes en affection de longue durée (dont les soins afférents à cette affection sont entièrement remboursés par l’assurance maladie publique) et de bénéficiaires de la couverture maladie universelle complémentaire ; un recours aux soins les mieux remboursés ; une moindre consommation de soins avec liberté tarifaire (dépassements d’honoraires, prothèses dentaires à prix libre…). C’est pourquoi le reste à charge après remboursements par l’assurance maladie publique est nettement plus élevé pour les ménages aisés que pour les ménages modestes. Bien que ces écarts soient en partie compensés par des remboursements plus importants de la part des complémentaires santé, les restes à charge finaux pesant directement sur les ménages augmentent également avec le niveau de vie.
Les cotisations acquittées par les ménages pour leur contrat de complémentaire santé augmentent fortement avec le niveau de vie. Ceci reflète avant tout des garanties souscrites plus élevées, conduisant à des remboursements plus importants de la part des complémentaires santé, mais aussi l’existence d’une tarification différenciée selon le revenu, notamment dans certains contrats d’entreprise, ainsi qu’un moindre retour sur cotisation (ratio remboursement moyen sur cotisation).
Globalement, les dépenses de santé directement supportées par les ménages (restes à charge après intervention des assurances obligatoire et complémentaires, et primes de complémentaire santé) pèsent plus lourd dans le budget des ménages modestes en proportion de leur revenu disponible. Par ailleurs, le poids des dépenses de santé dans le budget augmente fortement avec l’âge, passant de 2,7 % entre 30 et 39 ans à 8,2 % après 80 ans.
Source : MEDI