L’assurance demain ?
Sortie de crise ? Enfin, pas tout à fait. Le virus rôde encore, les décisions judiciaires des contentieux sur les pertes d’exploitation tombent, augmentant encore un peu plus la confusion. Les questions existentielles sur certaines activités de l’assurance s’aiguisent. Mais au fait qui se préoccupe de l’assurance demain ?
Une période délicate s’ouvre devant nous. La fin possible de la pandémie n’apaisera pas les tensions qu’elle a exacerbées. La crise a mis en pleine lumière les oppositions entre l’assurance et certains de ses clients, entre les assureurs eux-mêmes et avec les Pouvoirs publics. Heureusement, la santé financière des organismes d’assurance, déjà compliquée par la baisse persistante des taux, est restée bonne. D’aucuns se rassurent en se disant que, tout compte fait, la situation n’est pas inquiétante et que la vie va reprendre son cours.
C’est peu probable. L’assurance est contestée, dans son rôle par les Pouvoirs publics, par les clients et l’autorité judiciaire dans la manière dont elle délivre ses prestations. Ce qui crée une insécurité juridique pénalisante pour les assureurs comme pour les assurés. Les compagnies ont montré à travers la différence de leurs attitudes, qu’elles sont loin d’être au diapason, projetant une image confuse sur les marchés. Les divergences ne résultent pas uniquement d’une diversité d’opinions, de sensibilités ou d’histoires singulières. Il n’y a pas vraiment de vision partagée sur la réalité de l’assurance, ce qu’elle propose et ce qu’elle organise comme la solidarité, la mutualisation des risques, l’offre assurantielle en tant que telle et la place de l’assurance dans la société.
Bien sûr, ici ou là, des équipes réfléchissent, des dirigeants portent des discours qui montrent que ces questions les préoccupent. Mais tout ceci ne crée pas de réflexes collectifs faute d’une vision partagée susceptible de mobiliser les énergies et de proposer des solutions pour prendre en charge l’évolution des risques et surtout des nouveaux qui seront au cœur des activités de demain si ce n’est déjà le cas aujourd’hui. La FFA a bien annoncé qu’elle s’engageait de manière plus proactive et (pour) davantage prendre part aux débats de société. Certes, mais sur quels projets ? Et dans tous les cas, il faut que l’ensemble des acteurs y adhérent sans exclusive.
Il n’y aura pas de souffle régénérateur, s’il n’est pas partagé par les quelques 200 000 professionnels qui, à des degrés divers, s’occupent d’assurance. Ce sont eux qui irriguent les informations et perçoivent les évolutions des opinions. L’assurance de demain ne se fera pas sans eux et ce sont eux qui peuvent durablement faire changer le regard que la société porte sur l’assurance.
Henri DEBRUYNE