L’absorption d’AVIVA par Aéma souligne la vitalité du marché

par | 4 Mar 2021 | Eclairage

La reprise d’AVIVA par Aéma (l’alliance formée par la MACIF et Aésio) fait entrer ce nouveau groupe dans le TOP 5 de l’assurance. C’est un évènement majeur qui intéresse au premier plan les concernés, mais pas seulement. C’est un signe de la vitalité du marché.

L’affaire n’est pas totalement conclue, tant s’en faut, mais elle a franchi un cap décisif. Il y avait plusieurs prétendants et de poids, finalement il semble que le plus déterminé l’ait emporté. Désormais, la perspective est la constitution d’une nouvelle entité qui entre dans le Top 5. Ce ne sera pas une balade de santé. Les cultures, les savoir-faire, la vision que chacun a de ses intérêts et de ceux qu’il défend vont devoir s’ajuster. Déjà, les agents généraux applaudissent et le charismatique président de l’Afer fait la grimace.

Néanmoins, les effets sur les marchés seront évidents. Certains se félicitent, à juste titre, du probable maintien des offres existantes. D’autres constatent que les grandes fusions ont toujours libéré des espaces offrant aux audacieux l’opportunité de s’y glisser. Ce qui est vrai. Inévitablement, les entités absorbées verront leurs contributions évoluer dans la nouvelle structure, mais il leur faudra continuer à être actives pour conserver leurs clients et si possible en gagner d’autres. D’autant que l’expérience apprend que si la taille peut être un atout, elle a aussi des effets contre-productifs. L’alourdissement ne rime pas avec agilité et performance. Il est vraisemblable que le mantra du nouveau groupe sera très vite l’expansion.

Maintenir des coûts de gestion dans les contraintes du marché est un combat permanent et la taille comme les modes d’organisation peuvent être des boulets. Les structures plus légères et surtout plus réactives ont fait de cette réalité leur miel. Le succès des « courtiers grossistes » repose en partie sur ce différentiel. Ce fut très vrai au début de leur aventure, mais chez eux aussi maintenir l’agilité et la performance sont devenus un enjeu permanent.

Quoiqu’il en soit, le mouvement créé par cette absorption est plein d’enseignements. La frontière imposée par les systèmes de distribution, intermédiés ou pas, finit de se désagréger. Pendant près d’un siècle, elle a imposé son dogmatisme avant d’être contestée par la réalité. Covéa, groupe mutualiste, s’appuie sur un puissant et dynamique réseau d’agents. La plupart des mutuelles y compris celles régies par le code de la mutualité collaborent avec des courtiers. Aésio, MACIF et AVIVA finissent de casser le dogme. La question n’est pas la nature du système de distribution, mais son efficience.

Au-demeurant, cette absorption est un signe de la vitalité du premier marché de l’assurance en Europe. Il vient s’ajouter à de nombreux autres : le dynamisme des grossistes, le foisonnement des Insurtechs et la création de compagnies d’assurances, ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps. Chacun avec son modèle et ses ambitions essaie de s’imposer. Une réalité de nature à démentir les esprits chagrins qui parlent de fossilisation du marché et des acteurs 

Henri DEBRUYNE

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