La solvabilité des assureurs-vie chahutée
L’année 2020 laisse des traces négatives dans la marge de solvabilité des assureurs vie en France et semble-t-il plus durement encore en Allemagne. Une situation qui, sans être alarmante, appelle à la vigilance.
Les taux négatifs dégradent la solvabilité réglementaire des assureurs-vie. Un élément important qui est venu se surajouter à ceux qui ont fait varier les ratios. Ces derniers perdent 34 points entre fin 2019 et 2020. Cela n’a rien d’inquiétant. Néanmoins, pour nombre d’acteurs la PPE a bien arrangé la présentation de leur situation. Cette mesure gouvernementale arrêtée à la fin de l’année 2019 reste critiquable dans la mesure où elle ne donne pas de la marge de solvabilité affichée une vision objective. Elle l’optimise de manière significative masquant une situation probablement plus dégradée. D’ailleurs, 16 compagnies vie et non-vie, ont dû procéder à des opérations financières pour rehausser leurs fonds propres. C’est dire si leur situation n’était pas des plus confortables. Ce phénomène est plus préoccupant sur le marché allemand où 17 assureurs n’auraient pas atteint le niveau minimal requis sans les facilités apportées par les mesures transitoires. Sur l’un et l’autre marché, ces améliorations cosmétiques voilent des situations qui pourraient être potentiellement critiques. Le régulateur allemand (BaFin) a, selon la presse d’outre Rhin, 15 compagnies vie en surveillance rapprochée.
En France, l’hétérogénéité des niveaux de marges de solvabilité, avec ou sans PPE ou mesures transitoires, reste importante. Certaines marges sont très (trop ?) élevées, d’autres s’approchent de l’exigence minimale. En effet, un tiers des assureurs-vie présente un ratio de solvabilité hors PPE inférieur à 150% alors que 25% affichent un ratio supérieur à 200%. C’est dire qu’une approche individualisée pour connaitre la situation effective de chaque compagnie s’impose. La difficulté est l’accès à l’information.
La transparence, qui doit être la règle, laisse parfois à désirer. Trouver les données n’est pas toujours aisé même si l’immense majorité des acteurs concernés délivre les informations sur leur site internet. L’accessibilité mérite d’être améliorée en particulier pour certaines entreprises d’assurances (solo), il serait bon de respecter les délais de mise à disposition du public. A noter que certaines compagnies ont entrepris des efforts louables dans ce sens et s’attachent à rendre plus accessible cette matière technique sinon aride. Néanmoins, un effort collectif serait le bienvenu. En effet, si les acteurs les plus importants respectent la règle, ceux qui s’en affranchissent un tant soit peu portent tort à tous.
Les professionnels de la distribution ont un rôle important à jouer. D’une part, ils doivent rechercher l’information et vérifier le bon niveau de solvabilité des assureurs qu’ils recommandent. Il en va de leur responsabilité, sinon de leur crédibilité. Ensuite, ils peuvent effectuer un travail de vulgarisation indispensable pour rendre compréhensibles des réalités complexes, mais sans lesquelles l’assurance ne pourra pas respecter les engagements qu’elle prend à l’égard de ses clients
Décryptage Castom n°2 www.castom.fr