Certitudes et Incertitudes : le rôle essentiel de la société civile

par | 29 Août 2024 | Eclairage

Rarement la fin des vacances a été confrontée à un déni des réalités aussi prononcé. L’incertitude politique n’a d’égale que la certitude des difficultés qui nous attendent.

Les certitudes structurelles, et donc certaines, sont bien identifiées. Elles sont liées au climat et à ses conséquences sur la vie quotidienne. Elles sont marquées par le vieillissement de la population et enfin par l’endettement excessif des finances publiques. Trois murs qui se dressent devant toutes nos perspectives. Les voies du futur sont conditionnées par la manière dont ces murs seront abattus ou gravis. Ajoutons à cela une puissance publique qui a une propension marquée à vouloir tout régler sinon réglementer au mépris absolu des réalités les plus contingentes. En d’autres termes, en négligeant voire en méprisant la société civile dans sa capacité à générer des solutions effectives et à les gérer dans le temps. Oubliant tout simplement que la richesse produite, seule garante de la prospérité collective, est capable de financer un modèle social unique au monde. Or, elle est produite par l’activité économique et elle seule.

Sur ces trois sujets l’assurance, rare activité fondée sur la maîtrise des risques et la gestion longue, a des choses à dire et un savoir faire à mettre à disposition. Les catastrophes naturelles en sont un bon exemple. Certes, la capacité de l’assurance à en gérer les dommages est insuffisante pour peser sur l’ensemble des conséquences, mais elle a entamé un virage majeur vers la prévention et donc la possibilité d’en maitriser les effets. D’ailleurs, le dispositif prôné fait la part belle à un pertinent montage public-privé. Le volant qui reste à mettre en place est une mobilisation des acteurs de terrain, en particulier les distributeurs, afin qu’ils diffusent la pleine mesure de la prévention.

Le vieillissement de la population est un redoutable problème, mais aussi celui que l’on peut le mieux anticiper. Un domaine dans lequel les assureurs ont bien des clés. L’assurance sur la vie humaine n’a-t-elle pas été l’une des premières activités de l’assurance moderne ? Mais les débats idéologiques qui opposent encore répartition et capitalisation ont freiné l’essor d’un domaine où nous voyons bien qu’aujourd’hui les décisions qui n’ont pas été prises font cruellement défaut. Nous voyons, également, que l’assurance santé complémentaire est largement empêchée de jouer pleinement son rôle. Engoncée dans un réseau de contraintes, elle est réduite à un modèle économique de survie piloté par les Pouvoirs publics, qui l’éloignent de toute faculté d’innovation. Elle a, de fait, déserté ce territoire. Retrouver des marges de manœuvre pour susciter, voire inventer de nouvelles solutions pour le meilleur bénéfice des citoyens est aujourd’hui hors de portée sans changement majeur.

Enfin, le mur de la dette publique a créé une impuissance collective, n’en déplaise aux beaux esprits qui expliquent qu’il ne s’agit pas d’une difficulté et qu’elle est gérable. En réalité, c’est une question de souveraineté qui a des implications évidentes sur le quotidien de chacun d’entre nous puisqu’elle nous appauvrît. D’autant que, cela ressemble à un puits sans fond. Là encore, certains regardent avec envie le montant de l’épargne des Français (environ 3 600 milliards d’euros) un peu supérieure à celui de la dette publique. Or, cette épargne et surtout la capacité des ménages à épargner constitue une des forces du pays. Il est surtout important d’en dynamiser la majeure partie sur les marchés de capitaux pour le plus grand bien de l’économie du pays. Là encore, les assureurs savent faire.

Les réponses à nos défis immédiats ne sont pas dans le registre de nos gouvernants actuels ou potentiels. L’enjeu et la profondeur des problèmes font que seule la société civile a la ressource et les capacités, ce que Nicolas Dufourcq1 appelle la société des entrepreneurs. Il faut changer de logiciel. Cela dépend de chacun de nous et pas de la classe politique dont les schémas de pensée sont largement dépassés.
1 Nicolas Dufourcq est directeur général de la Banque publique d’investissement.

Henri DEBRUYNE

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