Après les élections législatives ?
Une campagne électorale hors sol, pleine de promesses forcément illusoires, un grand moment d’irréalisme avant de retrouver les réalités. Ce qui est le quotidien de la société civile.
Le propre d’une campagne électorale est de susciter des émotions, sinon des passions. Le rationnel s’efface et ouvre la voie à tous les rêves souvent les plus démagogiques. Il est donc inutile de s’échiner à faire valoir le point de vue de la raison, dans la plupart des cas chacun comprend ce qu’il veut entendre. Ces élections n’échappent pas à cette règle d’autant qu’elles paraissent plus exacerbées que les précédentes. Aussi, les esprits raisonnables prennent généralement le parti de la discrétion. Se taire n’est pas abdiquer, mais simplement attendre que les esprits s’apaisent, que les mirages s’évanouissent pour que la réalité s’impose à nouveau.
Or, le parti des vainqueurs, quel qu’il soit, ne pourra agir que s’il intègre l’ensemble des forces économiques et contributives. Il devra mobiliser les énergies, créer un minimum de confiance pour éviter qu’une forme d’anomie s’installe. Et, ce ne sera pas une petite affaire. La première étape sera inévitablement de comprendre et de faire comprendre que l’incantation ne peut rien face aux réalités. Elles sont déjà là, et le seront encore après le 7 juillet. Elles sont complexes et les solutions simplistes sont le plus souvent contre-productives ou inopérantes. Il faut donc y apporter des réponses compatibles avec les capacités de la société civile et l’acceptation de ceux qui les gèrent déjà. Ils sont les mains dans le cambouis. Sans eux, rien n’est possible. A l’évidence, le premier levier est celui de la confiance. Sans elle, rien ne se passera comme souhaité
Les urgences immédiates, comme celles de plus long terme, sont criantes, comme le risque climatique, la dérive des frais de santé, les enjeux technologiques. Et cela dans un contexte international déprimé qui s’impose à nous et sur lequel nous n’avons aucune prise. La seule véritable clé est de nous adapter afin de ne pas sacrifier l’avenir. Tout en prenant la mesure des besoins en matière d’innovation, d’agilité, d’anticipation pour servir le progrès social autant que l’indispensable profitabilité des activités. Il faut donc éviter de casser ce qui fonctionne plutôt bien. Le secteur de l’assurance fait la preuve de son efficience, si l’on en croit l’ACPR. Il a su gérer les évolutions des risques, cyber par exemple, ou encore les catastrophes naturelles, il a traversé le Covid en assumant son rôle. Bien sûr, il est perfectible sous bien des aspects, mais surtout il est confronté à une accélération de phénomènes, qu’il doit appréhender. Dans de nombreux domaines, qui ne peuvent attendre, il ne peut agir sans la puissance publique. Celle-ci doit accompagner, réguler, préserver l’intérêt collectif, mais surtout elle doit se garder de tout interventionnisme voire d’entrisme. Les plus anciens se souviennent d’une expérience de changer la vie qui s’est payée cash, tant elle était déconnectée de la réalité. Et, c’était à une époque où le contexte économique et géopolitique était moins prégnant.
Face à cela, la société civile ne doit pas attendre l’arme au pied. Elle est dans le jeu démocratique et elle doit rehausser son niveau de communication, sinon d’interpellation pour faire valoir ses arguments et son expérience. Les professionnels de l’assurance sont les experts de leur domaine, certes la puissance publique est garante de l’intérêt général, mais elle doit écouter et intégrer leur apport. Faut-il rappeler que la diversité de statuts des organismes d’assurance (SA, Mutuelles, IP) et de leurs distributeurs (salariés, intermédiaires, vente à distance, bancassureurs) permet d’observer, de comparer et de souligner que cette concurrence régule en grande partie les modes de fonctionnement. D’ailleurs, sur le temps long, les positions dogmatiques, pourtant portées comme des étendards, se sont toujours estompées dès que le réalisme économique a imposé sa férule.
Henri DEBRUYNE