Assurtech de l’assurance, Alan vient de s’allier avec un bancassureur belge et de lever 173 millions d’euros pour financer son développement.

Alan a conclu un partenariat avec la banque Belfius (ex – Dexia) deuxième bancassureur belge. Ce qui constitue un formidable levier de développement sur ce marché, certes mature, mais réputé profitable. Ainsi Belfius transfère à Alan son portefeuille d’assurance santé collective, où il considère ne pas avoir la taille critique et va distribuer ses produits. Dans le même temps, le bancassureur devient actionnaire du néo-assureur. Ce qui permet à ce dernier de lever 173 millions d’euros supplémentaires. Les investisseurs historiques participent à cette levée de fonds ce qui est un signe de confiance remarquable. Voilà donc cette assurtech en pole position pour investir le marché belge alors même qu’en France, elle vient d’enregistrer de nouveaux succès en décrochant plusieurs contrats dans la fonction publique, dans le cadre de la PSC. A l’évidence Alan, sur un marché contraint, dont la rentabilité reste difficile semble tirer son épingle du jeu. Toutefois, le plus dur reste à faire car en France en complémentaire santé les perspectives de rentabilité restent hypothétiques d’où l’intérêt de son expansion internationale.

Alan, qui a désormais levé 666 millions d’euros depuis son lancement en 2016, n’est toujours pas rentable. Elle accuse encore une perte de 30 M€ au premier semestre 2024 et projette un résultat équilibré seulement pour 2025 et profitable en 2026. Mais elle poursuit son chemin avec un double parti-pris. Celui de l’offre simple, claire, à forte dimension de prévention et fondée sur la technologie qui fait partie intégrante de son ADN. A noter, sa grande proximité avec Mistral AI la pépite française de l’intelligence artificielle générative, dans laquelle Belfius vient également de prendre des parts.

En réalité, Alan s’appuie sur une différenciation par les services plutôt que par les prix. Dans un marché de l’assurance complémentaire santé toujours aussi tendu et très piloté par le tarif, Alan estime que son focus d’origine sur les services conserve plus que jamais sa pertinence. Le choix des grandes entreprises, qui se sont tournées vers elle (Célio, Sia Partners ainsi que l’Assemblée nationale et le ministère de l’écologie) le prouve. L’intérêt de la démarche d’Alan, est de challenger le marché à travers une offre de services additionnels permettant à ses assurés de bénéficier d’une approche globale de leur suivi de santé : téléconsultation, médecines douces et préventives… Bref, partant d’une activité de complémentaire santé enfermée dans un réseau de contraintes, économiquement complexe et largement pilotée par la puissance publique, Alan fait le pari de s’en extirper, au moins partiellement, pour répondre à des besoins réels largement insatisfaits.

Son objectif ? A terme et grâce à l’IA il est de proposer à ses clients une application telle « un médecin de poche », gratuite, illimitée, capable de vous répondre en quelques secondes, où que vous soyez, disposant “du meilleur savoir de tous les temps” et qui cassera les silos entre les différentes spécialités.  

Un rêve ? Assurément, mais sans rêve, pas d’avenir.

Henri DEBRUYNE