2023 Y-a-t-il des raisons d’espérer ?
Les temps sont troublés, les conditions de marché difficiles. L’avalanche réglementaire est perturbante. Les perspectives économiques pas claires. Avons-nous des raisons d’envisager l’avenir sereinement ? 2023 comme toute période difficile recèle des opportunités.
Le propre des périodes tendues, sinon menaçantes, est qu’elles remettent en cause les situations les mieux établies. Ce qui favorise l’innovation puisqu’il faut bien trouver des solutions face à des déséquilibres devenus patents. Les efforts demandés sourient aux audacieux, comme nous l’avons vu à toutes les époques. D’autant que, quoiqu’en disent les esprits chagrins, nous restons dans un environnement stable. Bien loin des champs de ruines prédits par les mauvais augures.
La situation financière de l’assurance est bonne, en fait plus que satisfaisante. Une solidité dont nous pouvons nous louer, mais qu’il ne faut pas galvauder. Jamais les assureurs n’ont été aussi solides et donc capables de répondre aux besoins de l’évolution des risques qui, elle, est croissante. Le risque climatique et plus concrètement les catastrophes naturelles sont une question dont le traitement ne pourra plus être différé. Le cyber risque menace de ne plus être sous contrôle. Quelques grands groupes industriels ou de services, peu satisfaits des solutions du marché ont créé leur propre mutuelle. Mais ils seront confrontés aux mêmes difficultés. Le directeur général de Zurich insurance, Mario Greco, prédit que les conséquences du risque cyber deviendront inassurables. Pour autant, à un niveau plus modeste, une compagnie vient d’obtenir l’agrément de l’ACPR. Son offre associe assurance et logiciel de cybersécurité pour protéger les TPE et PME contre les cyberattaques.
Un autre sujet de préoccupation est la situation des complémentaires santé dont les marges sont réduites à un niveau inégalé (1%) tous organismes confondus, selon la DREES1. Ce qui revient à dire que des pans entiers d’activité, notamment dans l’assurance collective, sont déficitaires et cela depuis de nombreuses années. Evidemment, certains organismes s’en sortent mieux que d’autres, en particulier les sociétés d’assurance. Les mutuelles du code de la mutualité sont dans une situation complexe. La complémentaire santé représente 85% de leur activité. Un domaine qui est piloté étroitement par la Sécurité sociale. Cela ne leur laisse que très peu de latitude. Une situation existentielle qui les contraint à repenser leur modèle économique et leurs choix stratégiques de développement. Ou alors à devenir de plus en plus les supplétifs d’une Sécurité sociale qui aura, sans le dire, constitué la Grande Sécu.
Quel que soit l’horizon, même le plus rapproché, l’enjeu majeur est, et reste, le contact avec les clients et donc la dynamique des réseaux de distribution. De fait, les initiatives foisonnent avec plus ou moins de succès, mais ce dynamisme est porteur. C’est lui qui garantit l’avenir. Il semble bien que les organismes d’assurances commencent à vraiment s’en préoccuper. Une vraie raison d’espérer.
Si l’avenir n’est pas un chemin de facilité, il n’est pas non plus sombre à pleurer ! Il existe de sérieuses raisons d’espérer. Ce qui est enthousiasmant !
1 Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des statistiques
Henri DEBRUYNE